Au commencement
Je rafraichis nerveusement la page du site web et rien ne bouge. Il est l’heure pourtant ! C’est quand même en ce 1er décembre 2022 à 21h que les inscriptions pour la North Cape 4000 s’ouvrent ! Un énième F5 et là, je reçois un message d’erreur. Arg ! Site planté ? Je demande à Gerger. Non il fonctionne chez elle. Rebelote F5 ! Et là, le site fonctionne ! Vite ! Il n’y a que 250 places et je n’ai pas la moindre idée de la vitesse à laquelle elles partent. Et pas de favoritisme sur le genre. Ici, c’est premier arrivé, premier inscrit. Je rempli fébrilement le formulaire et m’apprête à payer. Nouveau bug … j’avais ouvert mon compte Paypal en prévision du paiement ! Il s’est déconnecté pour non activité pendant une minute… C’est reparti pour la double authentification. Ouf, ça passe et me voilà donc inscrite ! Les organisateurs annoncent que 50% des places sont parties en 5 minutes, mais il faudra une semaine pour que la course soit sold out. Au final, c’est 280 participants (dont 38 femmes) issus de 40 pays qui s’élanceront de Turin le 22 juillet 2023. Maintenant, il n’y a plus qu’à s’entrainer …
Avant de vous parler de mon entrainement, je vais revenir sur ce qu’est la North Cape 4000 (NC4K). C’est « tout simplement » la traversée de l’Europe du Sud au Nord. C’est une course qui part d’Italie pour finir au Cap Nord en Norvège. Pour ce faire, elle traverser une flopée de pays sur une distance de 4000 kilomètres environ. C’est en 2019 que j’ai découvert cette aventure de dingue. L’itinéraire passait par l’Italie, la Suisse, la France, le Grand-Duché du Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark, la Suède et la Norvège. C’est un itinéraire qui me parlait énormément. Celui de 2021 l’était beaucoup moins. Il partait plus à l’est et les pays m’intéressaient peu. L’itinéraire de 2022 me hype un peu plus et puis, Gerger y participe ! Je vais avoir un point à suivre que je connais dans la réalité ! Ce n’est pas juste un nom déjà vu sur d’autres cartes. Dans mon planning de course ultra, je me voyais faire la NC4K en 2024 ou 2025. Mais, lors de la publication du trajet 2023, je saute sur place ! On dirait presque comme en 2019 (le Grand-Duché du Luxembourg en moins) ! C’est un signe ! J’étais hésitante à m’inscrire, car c’est un budget conséquent à rassembler, mais après quelques calculs, le choix est fait. La Pan Celtic Race ce sera pour 2024 et la NC4K pour 2023.
Merci de garder à l’esprit que mon plan d’entrainement est concocté en fonction de mes faiblesses et de mon travail de coursière à vélo qui me fait déjà faire 100-120 km par semaine juste pour le travail et 55 km de vélotaf. Je ne suis pas coach et ne suis pas suivie par quelqu’un.
Mon planning d’entrainement
Grâce aux teasings des organisateurs, nous savons que la première difficulté sera le col du Grand Saint Bernard. Juste « un petit col » perché à 2469m d’altitude (avec 1870m de dénivelé positif à grimper, soit 1870m de D+). Oh, le pourcentage moyen tourne autour des 6% donc rien de bien très difficile, mais la montée fait 32km de long … 32 km ! Actuellement, mon cerveau ne peut pas concevoir de monter aussi longtemps.
Le plus long et haut que j’ai fait, c’est le mont Sainte-Odile (via Ottrott) : 761m d’altitude (515m de D+), 10km de montée et du 5% de moyenne. Et c’était avec mon VTC s’il vous plait ! Mon GPS ayant planté, je n’ai pas toutes les données de cette sortie mais, de mémoire, cela m’avait quand même bien pris 1h15/30 pour faire cette montée. Je dois donc préparer mon cerveau à monter pendant 4h… Autant, je saisi bien le concept d’entrainer le physique, autant préparer mon cerveau c’est plus abstrait. Suite à d’enrichissantes conversations avec Gerger, je me suis procurée « La Bible de la préparation mentale ». Il faudra que je revienne un certain nombre de fois sur l’ouvrage pour y puiser ce qui m’est utile mais il aide !
Pour la préparation physique, mon objectif principal est de muscler plus mes jambes pour avoir plus simple à pousser sur les pédales en montée. Après un peu de recherches sur le web, je découvre qu’il y a plusieurs sports qui peuvent m’aider à atteindre cet objectif. L’idée est de faire autre chose que du vélo pour ne pas me lasser et faire travailler d’autres muscles. Mon choix se porte sur la natation et le roller. Durant l’hiver, je prévois aussi de faire des sorties de 50km à vélo avec 500m de D+ pour quand même en garder sous la pédale. Ajouté à cela, je me prévois 2-3 séances de fitness à la maison (pompe, dip, fente, deadlift, pistol,…) par semaine pour ne pas oublier d’autres parties du corps. Ce sont des séances assez courtes de 10 min mais le but est de les glisser en fin de journée donc je sais que je n’aurai pas la patience de faire beaucoup plus.
Un autre changement que je fais, c’est sur le vélo : j’équipe mon Genesis de pneu Donnelly X’Plor Ush en 35*700. C’est-à-dire des pneus plus fin de 5 millimètres et avec une bande de roulement centrale plus lisse que les pneus full gravel que j’ai maintenant. Le but est de garder une polyvalence que j’apprécie fort dès que je quitte la route mais aussi de moins « coller » à celle-ci. J’aurai tout l’hiver pour me familiariser avec eux.
Et la famille dans tout ça ?
Je vais aborder ici un sujet qui ne l’est pas souvent, du moins c’est mon impression, dans les articles de blog ou vidéo qui parlent d’ultra cyclisme : la famille. J’ai demandé à mes proches ce qu’ils pensaient de mon inscription à la North Cape. Aucun n’est surpris. Il faut dire qu’après deux Race Around The Netherlands et autres journées avec beaucoup de kilomètres au compteur, je pense qu’ils sont quasi prêts à tout ce que je leur annonce. Mon père a juste dit que j’allais quand même devoir m’entrainer à monter ! Ah ça oui, nous ne sommes pas des grimpeurs dans la famille ! Mais ils sont tous confiants et certains que je vais y arriver. C’est cool de se voir soutenue. Au final, a tous la même crainte : qu’il m’arrive une mauvaise rencontre sur la route. Mais ça, on ne sait pas le prévoir. Juste être prudente. Je leur ai demandé si cela leur avait effleuré l’esprit de m’empêcher de faire ça et personne n’a dit oui. Apparemment, je serais trop têtue que pour les écouter (je pleure de rire en le disant, mais c’est vrai). Mon homme a les mêmes craintes : un problème hors du vélo. Mais, il dit aussi que si on a peur de tout alors on ne fait plus rien et on reste enfermé chez soi, ce qui n‘est pas une vie.
Le budget
On ne va pas se mentir, on part sur un budget assez conséquent qui a nécessité des changements dans ma vie quotidienne. J’arrive à 3600€ pour les 22 jours de courses + 2 nuits sur Turin + la semaine pour rentrer en train/bus/ferry. Et cela, sans compter mon loyer et mes charges à payer pour août. Car je n’ai que 12 jours de congés par an, la majorité de ma North Cape se fera sans solde. Cela veut donc dire pas de salaire et en août j’aurai quand même des frais sur mon appartement. Je peux donc rajouter quasiment 1000€ au budget pour couvrir tout cela. Avant de m’inscrire, j’ai donc dû un peu calculer pour voir quand tombait ma prime de fin d’année, quand tombaient les congés payés,…. Coup de bol, j’ai une indexation salariale de 10% en janvier 2023, donc ça va aider ! Mais j’ai quand même dû adapter ma vie quotidienne : plus de repas pris au snack le midi ou le soir, c’est le retour des tartines ou des plats cuisinés à la maison, plus de « milliers » de biscuits par semaine, juste une sorte et un paquet par semaine, plus de jus de fruits ou soda, juste de l’eau avec du sirop, plus de grignotes le soir,… Au moment de rédiger ces lignes, j’ai déjà engagé 642€, soit les frais d’inscription + mon ferry retour entre la Norvège et les Pays-Bas (celui-ci ayant déjà vu son tarif augmenté de 80€ depuis que j’avais vérifié en septembre…).
Un premier bilan après 6 semaines d’entrainement.
Le roller
- 4 décembre : 3,4 kilomètres en 40 minutes
- 18 décembre : 5,11 kilomètres en 42 minutes
- 1er janvier : 7,20 kilomètres en 41 minutes
- 8 séances au total
J’ai l’immense chance d’avoir un coach personnel sur ce sujet ! Mon homme a plus de 20 ans de roller dans les jambes. Bon, je ne vais pas m’inspirer à fond de lui car cela impliquera de me péter les deux coudes et ça je n’ai pas envie. Mais il est de bon conseil sinon. Il veille à ce que je ne pousse pas trop fort trop vite mais n’hésite pas à me faire un aller-retour en allant plus vite ou en parlant + en allant plus vite et ce genre de choses. Le fait d’avoir un Ravel (chemin vélo aménagé) tout neuf pas loin de chez lui a pas mal aidé aussi. Bien qu’il soit un peu sale suite à l’automne, avoir un chemin avec peu de passage et sans voitures, c’est pratique. Après la troisième séance, je n’avais plus de gêne dans les pieds et la douleur au dos n’est apparue qu’après 35 minutes. « Normal, tu n’as plus un balais dans le c*** », m’a dit mon homme. On a même eu « la chance » d’avoir pas mal de vent de face fin décembre, ce qui a obligé à pousser pour arriver à avancer. Je peux vous dire que je l’ai senti tout de suite !
La natation
Une seule séance à mon actif, le 13 décembre, car j’avais complètement zappé les vacances scolaires et la fermeture de la piscine. J’ai fait 475 mètres en 16 minutes. J’aurai pu faire encore 100 mètres, mais j’ai cassé mes lunettes et je ne nage pas sans lunettes. J’ai fait un break de 5 secondes tous les 100 mètres et 1 minute de pause après 10 minutes de nage. Je me sentais bien après la séance, mais c’était quand même un peu court. Il m’aurait fallu une pause plus longue si je voulais nager encore une dizaine de minutes. Ajoutez aussi à cela que j’ai 5 kilomètres de vélo à faire pour aller à la piscine donc cela fait un effort physique en plus avant et après la séance de natation.
Le fitness
J’ai une dizaine de séances à mon actif. Lors de la première, j’ai fait une série de squats (2×10), pompes (2×5), gainage (20′), bridge (1×10), dips (1×10) et fentes (1×10 / jambe). Après trois séances, j’arrivais déjà faire les 10 pompes en une fois ! Même si ces séances ne me prennent que dix minutes, j’en ai manqués deux, par manque de motivation après le boulot. L’idée est d’augmenter le nombre d’exercices au cours du temps, mais je vais attendre d’arriver à en faire plus facilement avant d’en faire plus. J’ai aussi ajouté des exercices où le dos intervient plus car je me dis que je vais beaucoup dormir sur le sol (ou quasi) donc autant le renforcer préventivement.
N’hésitez pas à me poser vos questions.
Bonjour
Intéressant. Au plaisir de se rencontrer au départ et sur la route.
Jean-Marc
Merci pour avoir pris le temps d’écrire tout cela. Je n’avais aucune idée de comment m’entraîner. Et ça fait du bien de voir que je ne suis pas vraiment seul! Pour la part, c’est course à pied en salle sur tapis avec fort dénivelé, piscine et sorties hivernales en vélo.
Bon courage et à très vite sur les routes du North Cape!