Dimanche 16 octobre 2022, j’ai participé à mon premier Brevet de Randonneur Mondial (BRM). Mais qu’est-ce donc ?
Introduction
« L’Audax Club Parisien a créé en 1921 des randonnées cyclistes à allure libre de 200, 300, 400, 600, 1000 km et en 1931 Paris-Brest-Paris Randonneur. […] En s’internationalisant, ils devinrent Brevets Randonneurs Européens en 1976 puis Brevets Randonneurs Mondiaux en 1983.
Les sociétés qui collaborent à l’organisation de ces brevets doivent appliquer et faire respecter le règlement des Brevets de Randonneurs Mondiaux.
Vous pouvez participer à un Brevet de Randonneurs Mondiaux dans plus de 50 pays et sur 5 continents grâce à l’association « Les Randonneurs Mondiaux » regroupant l’ensemble de nos correspondants. »
Vous l’aurez donc compris, il s’agit d’aller rouler sur de longues distances. De l’ultra cyclisme donc… Oui, mais pas tout à fait dans le même esprit qu’une course telle que la RATN, la TCR, la NC4K et tant d’autres. Sur un BRM, il y a un temps maximal à respecter mais il n’y a pas de classement. Tous ceux qui finissent leur BRM dans les temps sont homologués. Et quand la liste est publiée, elle l’est par ordre alphabétique, pas par temps. Si un rider le souhaite, il peut commander une médaille pour célébrer son BRM mais ce n’est pas obligatoire. De plus, il est possible de rouler en groupe et de s’aider. L’entraide est même recommandée. Pas besoin d’être inscrit en duo pour faire cela. Les groupes de rouleurs se font et se défont au fur et à mesure des kilomètres. Il est tout à fait possible de se joindre à un groupe mais si on n’arrive pas à suivre, le groupe ne doit pas nous attendre. Tout comme si on est plus rapide, on ne doit pas attendre le groupe. Comme sur un événement d’ultra cyclisme, il y a des checkpoints. Dans le cas d’un BRM, on les appelle des contrôles. Chaque contrôle se trouve, le plus souvent, dans un café, un magasin… un lieu où il est possible de s’arrêter pour se reposer et se ravitailler. Chacun d’entre eux doit être validé par le cachet du lieu accompagné du nombre de kilomètres parcouru et de l’heure à laquelle le rider est arrivé sur place.
Si vous souhaitez retrouver le calendrier belge des BRM, cela se passe ici sur le site des randonneurs (.be).
Voilà pour les explications un peu théoriques, passons maintenant au BRM auquel j’ai participé.
La préparation
De la préparation ?! Pour faire 200km ? Il n’en faut pas me direz-vous ! Eh bien, un peu quand même (et pas uniquement car je suis parfois très à cheval sur les règles). Tout d’abord, je ne suis pas partie seule faire ce BRM. J’ai été accompagnée d’Elvira et de Delphine. J’ai déjà fait un 200 (son premier) avec Elvira et cela s’était très bien passé. Nous avons aussi déjà fait en groupe pas mal de petites balades. Delphine était sur la RATN 2022 et l’Horizontaal. Nous nous connaissons donc déjà pas mal. Le BRM que nous avons choisi d’aller faire commence à Bruges. Il a donc fallu prendre le train. Delphine ne voulant pas se lever à 4h du matin, elle a logé sur place la veille. Elvira et moi sommes allées nous coucher très tôt pour ne pas avoir les yeux qui piquent au matin.
Heureusement pour nous, la météo n’a fait que s’améliorer. Initialement, nous allions prendre l’eau toute la journée sous 15-18°. Rien de bien réjouissant. Mais les prévisions de la veille étaient bien meilleures ! Un petit peu de pluie légère au matin mais avec du vent. Il nous a donc fallu décider comment nous habiller. J’ai opté pour mon cuissard Assos, un pantalon de randonnée, des chaussettes waterproof, mes Converse en Gore Tex, un haut de running léger à manches longues, un teeshirt en coton et mon KWay Patagonia. Et vu la pluie, le casque avec la visière. Il est plus lourd et plus chaud mais l’avantage de la visière compense cela. Pour les mains, je suis partie avec de simples gants en soie.
Pour la nourriture, je prépare la quantité habituelle de « mange un truc toutes les 45 minutes ». J’emporte aussi 4 œufs durs et 3 tartines jambon-fromage. Je prends mes deux petites gourdes 350 ml et je sais que je pourrai les remplir en cours de route.
Le jour J
Le train à 6h05 a donc impliqué un réveil à 4h30 et une heure de coucher vers 20h30 la veille. Je pense que je me suis endormie vers 21h et je me suis réveillée vers 4h. J’ai eu 7h30 de sommeil au lieu des 8h requises habituellement. Cela a fait l’affaire. Grâce à ce coucher avancé, je n’ai eu aucun problèmes à me lever. Je serai même 20 minutes trop tôt à la gare ! Le train est bondé de gens rentrant de soirée. Elvira et moi avons l’impression d’être à l’ouest avec nos vélos et notre superbe entrain (les trois quarts des gens dorment, lol). Nous arrivons à Bruges à 6h59 et avons 500 mètres à faire pour aller au départ. Vu qu’on a largement le temps avant le départ (il peut se faire de 7h30 à 8h), nous nous prenons un second petit-déjeuner.
Le départ se donne depuis un café se trouvant sur une péniche. Nous recevons notre carte des contrôles ainsi qu’un bon pour un café ou chocolat chaud. Une fois Delphine arrivée, nous nous élançons. Nous sommes les premières à partir, sur le coup de 7h40. Nous devons encore rouler avec les phares environ 45 minutes, mais cela nous donne l’occasion d’assister au lever du soleil.
Nous avons 13h30 pour réaliser les 200 km. À du 18 km/h de moyenne, c’est un peu plus de 11 h de pédalage. Ce qui laisse le droit à 2 h de pause max et un peu de marge en cas de souci mécanique.
J’avais plusieurs objectifs sur la journée :
- Finir dans les temps ;
- Avoir une moyenne de 20 km/h ;
- Vraiment pousser sur mes pédales (même en descente) ;
- Pousser le vélo dans le moins de montées possibles ;
- Voir ce que ça donne de rouler en groupe vite et les uns derrières les autres ;
- M’amuser.
Après une dizaines de minutes, trois rouleurs vont nous dépasser. J’attrape la roue du troisième et j’arrive à le suivre 5 minutes. Ce qui me laisse le temps de voir qu’il a des mollets fort développés ! Je n’en ai jamais vu d’aussi larges !
Elvira me rattrape et je décide de la suivre. Pfui, c’est qu’elle avance vite ! Nous sommes quasiment à du 22 km/h de moyenne malgré le vent de face assez fort (ça me fait penser à la RATN 2021, c’est vous dire !). Fatalement, nous commençons à nous faire dépasser par un peu tout le monde. Pas moyen d’attraper aucunes roues, ça avance trop vite.
À un moment donné, je suis devant Elvira et elle me prévient : « il y a des cyclistes qui arrivent ». Mais ni elle ni moi ne nous attendions au plus gros groupe de ce BRM : une bonne vingtaine de cyclistes. Quand je vois leur facilité de pédalage, je me dis que je vais attraper la roue du dernier. Plus simple à dire qu’à faire ! Je pousse, je pousse et je monte à 32 km/h, mais malgré ça, je suis toujours 3-4 m derrière le dernier du groupe… Je laisse tomber après 30 secondes de « chasse ». Là, je peux vous dire que j’ai bien chaud !
Elvira repasse devant alors que Delphine me rattrape. Je continue avec elle. Deux riders nous dépassent. Ils sont sur des vélos au look vintage et l’un d’entre eux porte un jersey de Cargo Vélo ! Un collègue de Gand ? Je l’interpelle et il s’avère que c’est, en effet, un collègue de cette autre boite de coursiers ^^ Nous nous mettons à papoter, mais je le préviens directement que je ne suis pas rapide donc il peut me lâcher s’il faut. Il m’explique que c’est son retour sur le vélo après une cheville foulée et qu’aller lentement lui convient aussi. Ok cool, let’s go. Nous papotons bien pendant 45 minutes avant de nous faire rattraper par le dernier groupe. Dans celui-ci, je reconnais Sven, l’organisateur. Je me dis alors que ce sont les derniers. Mais, ils roulent moins vite que les autres groupes. Je saute dans leur roue ainsi que le gars de Cargo Vélo. Delphine reste derrière. Il reste 10 kilomètres jusqu’au premier contrôle et je me dis que si je peux me faire tirer sur 10 bornes, ça m’économisera de l’énergie ! Nous finissons par rattraper et dépasser Elvira. Je lui dis de venir avec nous mais je ne sais pas si elle y arrive. Après 5 kilomètres à du 30 km/h, je faiblis et la bosse du pont m’achève. Dès que ça monte un peu, je suis si lente ! Je perds le groupe. Mais je suis très vite au contrôle, donc c’est cool.
Au contrôle, je découvre que si tu veux faire tamponner ta carte, c’est mieux de consommer. En tout cas, je ne vois personne arriver à avoir son tampon sans être passé à la caisse. Pas ouf, surtout que le service est fort lent. Il me faut 15 min pour avoir mon cachet… Finalement, ma pause dure 30 minutes, soit 15 de plus que ce que j’avais prévu… Je mange plusieurs biscuits, car je découvre que rouler vite, ça n’aide pas à manger, sinon tu sais plus respirer comme il faut (enfin pour moi). Il était donc difficile de manger un truc toutes les 45 minutes.
Premier quart de fait !
Je repars avec Elvira et Delphine en sachant très bien que dès la première bosse je serai lâchée. Nous sommes parties pour 90 km de montagnes russes avec des portions plates entre les bosses. Je m’en sors pas trop mal jusqu’à Roterij et ses 13% où je pousse le vélo. Après, par contre, chouette découverte du Ravel 87, même si son accès est plus que douteux via un chemin de terre fort pentu. D’ailleurs, le contrôle secret se situe sur cette portion du trajet. À moi le brownie ! Cela me fait mon dessert ! Le passage à Renaix se fait dans de bonnes conditions sur une F Route toute neuve (et pas finie). Nous empruntons aussi des petites ruelles ou des petits chemins entre les jardins des gens et ça, j’adore ! Je mets pied à terre dans la côte à 14% de Hurdumont et je souffle fort. Il commence à faire chaud ! La température a augmenté de 10° depuis le départ !
En temps normal, quand c’est du plat ou une descente, je pousse juste ce qu’il faut sur mes pédales. Sauf que là, il faut aller plus vite ! Donc dès que c’est plat, je mets une vitesse en plus et je me couche sur les prolongateurs. Et en descente, je pédale quand même un peu pour aller plus vite. Je n’ai pas la moindre idée de l’efficacité de ce système, mais j’avance quelques kilomètres heures plus vite qu’en temps normal, donc pour moi c’est good.
Je pensais faire ma pause pique-nique à Grammont, mais je tombe sur Delphine assise dans un champ au soleil, en haut d’une montée et je fais mon break là. À ce moment-là, je reçois un coup de téléphone d’Elvira. Elle est déjà à Grammont ! Ha ok elle a environ 45 min d’avance sur nous ! Quelle machine ! Après le pique-nique, il y a encore quelques montées mais ça commence à descendre vers la ville et ça fait plaisir. Grammont est un point de contrôle libre : à nous de trouver un endroit où recevoir un cachet. J’envoie lâchement Delphine faire ça, car je ne le sens pas de m’expliquer en néerlandais. Elle accompli sa mission avec brio. Nous ne devons pas monter le Muur mais les 11% de « Oude Steenweg » font que je pousse le vélo et Delphine me laisse sur place. Pfui, je ne sais pas comment les gens font pour gérer des côtes au-delà de 5%. Moi je n’y arrive pas.
Après ça, par contre, je sais qu’il me reste une trentaine de kilomètres avec des bosses mais rien d’insurmontable. Il y en a même plusieurs que je monte facilement grâce à la vitesse de la descente qui précède. Un dernier raidard vers le km 145 et puis je sais qu’il ne reste plus des passages de ponts. J’arrive au denier contrôle : Nazareth. Il n’y a personne. Je me dis que je suis bien loin derrière quand Delphine apparait. Elle était allée trop loin mais n’avait que 5 min d’avance sur moi.
The end
Du coup, on repart ensemble tout en roulant chacune à notre rythme. Au km 175, j’ai du mal. Je m’offre 10 min de roulage sans casque et en pédalant doucement. C’est dur de tenir un 20 km/h de moyenne pendant aussi longtemps ! J’ai les cuisses qui tirent à cause d’avoir forcé au matin dans les groupes et face au vent. Mais je me dis que ce serait dommage de ne pas finir. Avec le dénivelé, ma moyenne est descendue à du 19,9 km/h. Après mon pédalage en douceur, je me mets en tête de remonter à du 20 de moyenne. Alors je pousse, je pousse et je pousse sur mes pédales jusqu’à y arriver. C’est dur. Je dois jouer à : « après 10 changements de direction sur le GPS, tu as le droit de regarder combien de kilomètres il reste » pour faire passer le temps. Je finis par rattraper Delphine, car elle s’est arrêtée pour allumer ses phares. Pas de chance pour nous, il commence à pleuvoir. Les arbres nous protègent une vingtaine de minutes, mais après ça on se fait mouiller. Ce n’est pas la grosse drache mais c’est juste assez pour être ennuyant sur une fin de journée. Au moment où je lance ma playlist techno, Delphine m’annonce qu’il nous reste 6,7 km ! Let’s goo, les jambes reviennent et on roule à fond les ballons pour finir.
Au final, j’aurai fait les 206 km en 10h02 soit une moyenne de 20,5 km/h !
J’estime avoir rempli tous mes objectifs même si cela n’a pas été facile. Mais c’est bien de sortir de sa zone de confort de temps à autre et le faire en bonne compagnie c’est encore mieux.
génial, c’est génial!!
et très bien écrit.
ce qui ne gâche rien.