En préparant la course, je m’étais dit que je voulais un cachet sur ma carte pour chaque checkpoint. Hors de question donc de passer quand ils sont fermés. Le souci, c’est que sur la North Cape, les checkpoints (CP) sont des lieux publics avec des horaires d’ouverture. Il fallait donc bien planifier la course. Le premier était l’office du tourisme de Lausanne. Arrivée en haut du col du Grand Saint Bernard, j’avais 2h de retard sur le planning. Je savais donc que cela allait être tout juste pour le checkpoint. Mais une fois passé la frayeur de la descente, je me suis dit que ça aurait été vraiment trop bête d’arriver juste après la fermeture. Alors j’ai poussé sur les pédales. La route devenait plus plate et était en bon état, ce qui m’a aidée. Une fois à Villeneuve, j’ai avalé les 32 km qui me séparaient de Lausanne en ayant le feu aux pédales. Les petites bosses qui jalonnaient le parcours ne me ralentissaient pas plus que ça. Je me suis quand même bien calmée en arrivant à Montreux en loupant de peu une collision avec une voiture. Ces efforts furent payants, car j’ai validé le CP 1h avant sa fermeture ! J’étais boostée par l’effort produit et aux anges quand la dame a tamponné ma carte.
Vers Paris
Une fois ce checkpoint suisse validé, il me restait 600km pour Paris et le second checkpoint. Entre les deux, encore deux grosses ascension à plus de 1000m d’altitude avant d’aller vers des terrains moins vallonnés. Après un charmant séjour dans le jardin de Raphaël, dotwatcher et abonné Twitter, j’ai quitté la Suisse en me disant que le plus dur est fait et que le physique suivait. C’était sans compter sur la météo qui se dégradait progressivement. La pluie a fait son apparition sous forme d’averses courtes mais intenses. J’arrivais à en éviter la majorité mais j’ai quand même fini mouillée. Au quatrième jour, une grosse averse m’a saisie alors que j’étais au milieu de nulle part avec aucun abri. Premier coup au moral qui a fait que je me suis arrêtée fort tôt, seulement après 130km. Je me suis trouvé un tipi et un lit au camping de Tonnerre et j’ai appelé Géraldine. La discussion m’a fait du bien mais j’étais quand même frustrée de ne pas avancer aussi vite que prévu et de voir que je prenais du retard sur le planning. Le départ le lendemain suivait un canal sous la brume et m’a permis de profiter d’une vue magique qui efface les soucis. La pluie s’est calmé et ne tombaient plus que des averses de fine pluie pas dérangeante. Mais le vent s’est levé et m’a accompagnée jusqu’à Paris en m’ennuyant plus ou moins en fonction des moments. Dès le cinquième jour, je n’ai guère croisé des participants. J’ai constaté sur le traqueur que j’étais dans les trente derniers. Ce n’était pas un problème, je savais que cela allait être comme ça. Mais avec le vent de face, je me disais que si je pouvais sucer une roue, ça aurait été pas mal. Tant pis, j’ai produit mon effort seule. En approchant de Paris, j’ai vu que j’allais arriver trop tard pour le CP. Il n’était pas question de foncer dans la ville comme je l’ai fait en Suisse. J’ai donc décidé de prendre un hôtel juste avant Paris et de rejoindre le CP au matin. Charles m’a rejointe pour finir cette journée. C’était étrange de se retrouver avec quelqu’un que je connais après autant de temps seule. Ensuite, Lionel m’a accompagnée jusqu’au checkpoint le lendemain et d’autres copains parisiens s’y trouvaient déjà. Même Pauline a trouvé le temps de passer entre deux livraisons ! Il n’y a pas à dire, l’accueil parisien est royal ! Là où j’ai déchanté, c’est que l’organisateur avait dit que le magasin Giant ouvrait à 10h, mais sur la vitrine je vois 11h… Heureusement que les employés arrivent avant car je n’avais pas envie de perdre une heure. J’en ai profité pour faire vérifier le dérailleur et les freins. Tout était nickel et j’étais prête à repartir.
Effet parisien innatendu
Après un dernier arrêt chez Julie, me voilà enfin en train de quitter Paris le long du canal de l’Ourcq, un coin que je connaissais déjà. Je savais que ça roule tout seul et que c’est tranquille. Mais quelque chose n’allait pas. Il m’a fallu une bonne demi-heure pour réaliser qu’en fait, voir tous ces gens que je connais plus ou moins bien, ça a fait du bien au moral, mais que j’avais ensuite du mal à repartir. Je n’étais pas très motivée pour continuer. J’ai dû me concentrer sur la musique et la route pour arriver à faire passer ce gros moment de solitude. Finalement, peut-être que voir des gens qu’on connaît pendant une course d’ultra cyclisme, ce n’est pas tout à fait une bonne idée. La leçon était dure à avaler. C’est pour cela que j’ai ensuite décliné la proposition de ma famille de me rejoindre à la frontière belge, de crainte de ne pas repartir. Mon copain m’a ensuite raconté qu’il était à Liège le jour où j’y suis passée, mais qu’il ne me l’a pas dit. Il a bien fait. Je ne serais jamais repartie.
En route vers l’Allemagne
Le point positif en quittant Paris fut le vent dans le dos qui m’a accompagnée longtemps. Il m’a permis d’avancer à du 20km/h de moyenne. Cela peut paraitre peu pour certains d’entre vous, mais pour moi, cela commence à être rapide. Le 28 juillet, au 7e jour de course, j’ai même fait 223km pour déjà entamer le parcours belge. Gros couac en fin de journée néanmoins : j’avais très mal au genou au point que je n’arrivais plus à pédaler de la jambe droite. Au vu de la météo, j’avais enfilé les sur-chaussures. Mais, je portais des baskets de MTB. Les sur-chaussures classiques étant pour des chaussures étroites, j’en portais de deux pointures trop grandes. Inconsciemment, mon pied avait bougé sur la pédale et était trop reculé. La douleur n’était apparue qu’après 1h de vélo le 8e jour. Pour régler le problème, j’ai rangé les sur-chaussures au fond du sac en espérant que les chaussettes waterproof me garderaient au chaud. J’ai massé mon genou, mais je n’avais aucun médicament avec moi. Le problème de démarrer à 6h du matin, c’est qu’il faut quand même un certain temps avant de rencontrer des commerces ouverts. J’ai fini par trouver une pharmacie où j’ai acheté du Voltaren et du Nurofen. Le passage de Liège s’est fait en compagnie de Louise, ce qui m’a empêchée de m’arrêter et de prendre un train pour rentrer. Je suis à 1h15 de Bruxelles… Ç’aurait été tellement facile d’arrêter ! J’ai fini ce jour-là aux Pays-Bas après avoir vu deux copines qui ont aussi fait la RATN. Le vent de dos a continué à m’aider. Il a néanmoins fallu attendre le dixième jour pour que je trouve une pharmacie avec une attelle pour soutenir mon genou qui se portait déjà mieux.
Salut Un Bullitt dans la ville,
ça fait un certain temps que je suis tes aventures, principalement sur YouTube.
Je fais des choses en bois, je me suis d’ailleurs fait de jolies planches en bois et en résine pour mon Bluebird.
J’ai fait une petite plaquette pour toi… alors fait moi signe par mail!
bonne ride!
Ce fut un plaisir de faire quelques kilomètres avec vous.
Louise