Pour la première fois depuis le début de cette aventure, je peux enfin déjeuner à l’hôtel. Mais la nuit fut trop courte. Avec Delphine, nous nous enfilons un déjeuner gargantuesque et ensuite nous passons par le magasin pour faire un stock de maximum de nourriture. De mon point de vue, avoir assez de nourriture permet de limiter les arrêts et de ne pas se soucier de savoir quand sera le prochain magasin. Mais cela alourdi le vélo. Certains diront que j’ai déjà de trop sur le vélo mais ces quelques kilos de nourriture en plus, je les sens fort sur ce huitième jour. Il va donc falloir les manger pour m’alléger. Je me motive comme je peux !
Nous avons la météo avec nous. Le vent est minimal et il y a du soleil. Mais pas au point de se dire que j’ai chaud et de rouler en manches courtes.
Chacune à notre rythme, Delphine et moi nous mettons en route vers la vallée de la Maas. Il y a bien une ou deux zones de travaux mais rien de dramatique. Le ciel se couvre un peu et dans la descente vers Valkenburg, je dois m’abriter 5 minutes car il tombe de grosses gouttes. Puis le ciel se dégage et il n’y a plus un seul nuage à l’horizon. J’arrive en ville et je vois qu’il y a toujours autant que touristes qu’en 2021. Je ne traine donc pas en ville et m’attaque à la première montée. Je fini par pousser le vélo. Je mange un bout vite fait au sommet et je repas. J’arrive péniblement à faire l’une ou l’autre montée mais ce passage dans le Limbourg est tout aussi difficile qu’en 2021. Voire même plus car je suis plus fatiguée. Delphine va me rattraper au début du Camerig et je lui exprimer ma difficulté. Nous allons trouver un restaurant ouvert et faire un gros break avant d’entamer la soirée. Il est un peu plus de 20h et nous avons déjà fait 140km. Il reste entre 12km de montées avant le point culminant de la course puis je sais que j’arriverai à faire le reste des montées vers Heerlen. Un petit panneau « RATN cyclists courage » sur le bord de la route nous booste. Nous arrivons aux trois frontières vers 22h.
Et ainsi débute notre nuit sur le vélo. Depuis qu’il fait noir, nous avons décidée de rester à deux. Nous aurons même la surprise de voir Géraldine nous attendre sur le bord de la route. Elle se joint à nous et nous roulons ensemble. Nous ne papotons pas trop pour se concentrer sur la route et les obstacles. Je me souviens de deux choses de cette nuit-là :
– Le mec complétement soul qui marche sur la piste cyclable près de la base militaire et qui parle tout seul et très fort.
– Le village à traverser alors qu’il y avait fête. Avoir d’un coup autant de bruit et de gens ça a fait bizarre.
Juste avant ce village, j’avais dit aux filles avoir besoin de fermer les yeux 15 minutes et je l’avais fait à la faveur d’un arrêt de bus. Delphine avait suggéré que nous trouvions quand même un hôtel, mais je lui dis que j’avais peur que ça incite à s’arrêter longtemps et que je ne voulais vraiment pas rater le cut-off time. Je préfère m’arrêter 15/20 minutes quand je sens que cela ne va plus et avancer le reste du temps. Plutôt que de devoir courir après le temps à la fin.
Vers 2h45 du matin, c’est compliqué pour tout le monde. Et il y a un petit vent frais. Nous décidons de nous abriter derrière un mur dans le cimetière de Pey et de dormir 30 minutes. Géraldine à son bivy donc elle va nous prêter sa couverture de survie et c’est la grande découverte pour moi ! C’est que ça tient vraiment chaud ce truc ! La demi-heure de sieste se transforme et une heure et on va se faire réveiller en sursaut par les cloches de l’église. Nous serons prêtes à repartir vers 4h du matin. Géraldine va démarrer seule car elle a besoin de rouler à son rythme pour se réchauffer. Le soleil pointe le bout de son nez vers 6h et ça fait du bien ! Delphine et moi décidons de reprendre chacune notre rythme même si nous ne serons jamais loin l’une de l’autre. On a besoin de s’arrêter mais pas au même moment. D’ailleurs, nous allons nous passer devant l’une l’autre à plusieurs reprises au grès de nos breaks.
A un moment donné, je manque presque un virage car j’ai fermé les yeux alors que je roulais. Je décide de dormir 30 minutes. Géraldine me repasse devant quand j’ouvre les yeux. Je la retrouverai sur la ligne d’arrivée.
Une fois cette grosse sieste faite, je me sens bien. Il fait de plus en plus chaud et le ciel est bleu. Je calcule et re-calcule dans ma tête, mais je pense que je suis dans les temps. Cela me donne des jambes de feu. Je me permets un dernier Mc Donald et puis vamos ! Bon, le vent de face pour finir est bien casse pied mais savoir que j’arrive me donne des ailes.
En 2021, j’avais été involontairement rejointe par l’ami d’un participant qui habite près du Proloog et nous avions fini à deux. En 2022, je serai dépassée par Gemma, participante de 2021. Elle va me reconnaitre et nous finirons à deux. Elle me laissera rentrer dans le Proloog toute seule et je savoure les quelques applaudissement des participants présents sur la terrasse du café. Je l’ai fait bordel ! Géraldine est déjà là et Delphine doit être 30 à 60 minutes derrière. Son traqueur ne fonctionne à nouveau plus mais je pense qu’elle doit être juste devant Els ou avec elle.
En attendant, j’enlève mes chaussures et ma veste. C’est l’heure de l’apéro ! Là, sous le soleil, je suis bien. Je papote avec les autres.
J’ai bouclé les 390 derniers kilomètres en 30h43 de roulage et en prenant 7h30 de pause.
Werner arrivera après moi, mais avant les filles et il va nous rassurer en nous disant qu’elles sont à deux.
Et puis, les voilà ! Yes, Els et Delphine finissent aussi dans les temps ! C’est l’euphorie générale !
Nous irons nous chercher une pizza en attendant que mon frère arrive et puis c’est le retour à la maison. Crevée mais heureuse.
Fière de moi
Je pense qu’il est inutile de dire que je suis super fière de moi ! J’ai réalisé mon objectif pour ma RATN 2022 et c’est immensément génial !
Le vélo a roulé parfaitement, aucuns ennuis mécaniques. Aucuns nouveaux réglages à faire.
Ma stratégie d’aller en hôtel s’est révélée payante même si je n’ai pas eu tous ceux que je voulais et qu’il a fallu improviser. Le confort du lit et de la douche chaque soir ajouté au fait de ne pas devoir transporter tout le matériel de camping c’est vraiment nickel.
Bien qu’en ayant relu dans mes notes avoir eu quelques douleurs, je ne me souviens pas de cela ni d’avoir eu du mal à récupérer. Je considère donc que physiquement cela a aussi été.
A la fin de cette RATN, l’organisateur a annoncé qu’une année sur deux, il y aurait une version Gravel (courte et longue). Refaire un RATN route ne me tente pas, mais une version courte en Gravel, pourquoi pas. A voir comment je sais l’inclure dans mon calendrier.
Bien qu’étant allégée du matériel de camping, ma sacoche de selle était pleine. Pour la bonne et simple raison que je ne connaissais pas les sacs de compression à l’époque. Avec eux, je gagne encore de la place !
Au final, j’ai fait +/- 1h d’insomnie sur la moitié des nuits. Preuve pour moi que j’étais plus stressée que ce que je pensais. Mais cela a engendré de la frustration car j’avais besoin de cette heure de sommeil.
J’espère que ces articles de blogs vous auront plus. N’hésitez pas à me poser toutes vos questions.